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Claire Houmard, préhistorienne des mondes arctiques

Les terres froides et la préhistoire sont les passions de Claire Houmard. Spécialiste du monde arctique après cinq postdocs, elle aura bourlingué du Danemark à l’Alaska en passant par l’Écosse. Aujourd’hui professeure à Chrono-environnement, elle anime avec Laurent Millet, le groupe de travail Zones polaires, subpolaires et boréales. Rencontre

D’où viens-tu ? Quelle est ta formation ?
J’ai grandi et réalisé presque l’ensemble de mon cursus universitaire à Paris. J’ai obtenu mon bac S en 1999 et me suis inscrite à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne où j’ai effectué mes deux premiers cycles avec une spécialisation en préhistoire et en technologie osseuse (étude des objets fabriqués en os, ivoire, bois animal, corne, etc.). Pour ma thèse (Université Paris-Nanterre et Université Laval à Québec), j’ai choisi de nouveaux horizons, me tournant vers l’Arctique américain et ses premiers peuplements. Après la soutenance en 2011, j’ai eu plusieurs années postdoctorales qui m’ont fait voyager tour à tour au Musée National du Danemark à Copenhague, au Musée du quai Branly à Paris, ainsi qu’en Ecosse (Aberdeen) et en Alaska (Quinhagak). J’ai atterri enfin en 2019-2020 à Besançon, dans le cadre du projet d’ANR Interactic coordonné par Émilie Gauthier au laboratoire Chrono-environnement, et en 2022, j’ai obtenu la Chaire de Professeur Junior en Préhistoire récente de l’Europe et des mondes arctiques.

Parle-nous de ta recherche
Depuis 2005, l’essentiel de ma recherche a été tourné vers les mondes arctiques en Amérique du Nord, passant de terrains au Canada, au Groenland et en Alaska. J’ai aussi voyagé dans le temps, m’intéressant d’abord aux premiers peuplements pré-inuits (Prédorsétien et Dorsétien), en recherchant d’éventuels points de comparaison avec le Paléolithique européen que j’avais étudié en Master. Puis, durant mes différents postdoctorats, je me suis tournée vers les périodes plus récentes, médiévales et modernes (Thuléen, Ipiutak, Yup’ik), m’intéressant dans un premier temps aux modalités de remplacement des pré-inuits par les Inuits autour du 13e siècle de notre ère, puis à d’autres cultures, alaskiennes notamment. C’est ainsi que depuis l’an dernier je suis responsable de la mission archéologique YUP’IK auprès du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères (2022-2025) pour poursuivre les fouilles sur le site de Nunalleq daté du 17e siècle (sud-ouest alaskien). Cette mission est également soutenue par l’Ambassade de France aux Etats-Unis, et en particulier la toute jeune Villa Albertine, qui m’a accordé à titre exceptionnel une résidence de quatre ans en lien avec ce projet.
Dans le cadre de mon nouveau poste, je vais également revenir à mes premiers amours et développer un volet préhistorique à l’échelle locale centré sur les Occupations et exploitations de la haute vallée du Doubs dans la longue durée.
Dans les deux cas, mon fil conducteur reste l’étude des exploitations animales à des fins techniques (identification des matières premières ; détermination des traces, techniques et outils fabriqués et utilisés ; interprétations socio-culturelles) pour appréhender les questions de mobilités, d’adaptation aux changements environnementaux et sociétaux, ainsi que les représentations symboliques qui entourent le monde animal.

En savoir plus
- Journal En direct, Direction  : le Grand Nord, un article réunissant plusieurs recherches menées à Chrono-environnement

Dates clés :
41 ans
1999 - Baccalauréat Scientifique
2002 - Licence – Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne
2004 - Master – Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne
2011 - Doctorat – Université Paris-Nanterre et Université Laval (Québec, Canada)
2011-2013 - Postdoctorat – Fondation Fyssen (Musée National du Danemark à Copenhague)
2013-2015 - Postdoctorat et bourse des collections – Musée du quai Branly (Paris)
2016-2017 - Postdoctorat – Projet ALLY franco-britannique LabEx « Les Passés dans le Présent » et AHRC (Université Paris-Nanterre et Université d’Aberdeen, Ecosse, Royaume-Uni).
2017-2019 - Postdoctorat – Fondation Carlsberg (Musée National du Danemark à Copenhague)
2019-2022 - Postdoctorat – Projet ANR Interactic (CNRS, Université de Franche-Comté à Besançon)
2022-2025 - Responsable de la mission archéologique YUP’IK (Ministère de l’Europe et des affaires étrangères)
2022-2025 - Chaire de Professeur Junior (Université de Franche-Comté à Besançon)
2023-2026 - Résidente de la Villa Albertine (San Francisco, Quinhagak, Alaska, Etats-Unis).

Sélection de publications :
- Edouard Masson-Maclean, Claire Houmard , Rick Knecht, Isabelle Sidéra, Keith Dobney, et al. Pre-contact adaptations to the Little Ice Age in Southwest Alaska : New evidence from the Nunalleq site. Quaternary International, 2020, 549, p.130-141.

- Claire Houmard, Edouard Masson-Maclean, Isabelle Sidéra, Rick Knecht. L’exploitation du bois de caribou chez les peuples Yupiit pendant la période précontact (Nunalleq, GDN-248). Études inuit. Inuit studies, 2019, Le passé dans le présent yup’ik : Archéologies du changement climatique dans l’ouest de l’Alaska / The Past in the Yup’ik Present : Archaeologies of Climate Change in Western Alaska, 43 (1-2), p.137-167.

- Isabelle Sidéra, Claire Houmard. Genre, mobilité et mode subsistance : approche technologique des matières osseuses.A. Augereau, C. Trémeaud (dir.). Où sont les femmes ?, Société Préhistorique Française, sous presse.

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