PICS SECURE : analyse pluridisciplinaire des conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima

International Écologie et environnement

Dans son dernier bulletin d'information, le Bureau CNRS de Tokyo pour l’Asie du Nord-Est consacre un dossier "Fukushima, 10 ans après".

Focus sur le projet international de coopération scientifique (PICS) « Sociétés fiables, protégées et résilientes », analyse pluridisciplinaire des conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima.

Dans le cadre du PICS SECURES (Safe, sECUre and REsilient Societies) coordonné par Emmanuel Garnier, Directeur de recherche CNRS au laboratoire Chrono-Environnement (1), des chercheurs bisontins et japonais des Universités de Kyoto, de Tsukuba, de Tokyo, de Yamaguchi, d’Osaka-Kobé et du Tohoku, conduisent depuis bientôt 2 ans une recherche interdisciplinaire (histoire, géologie, anthropologie/sociologie, ingénierie et climatologie) sur les catastrophes naturelles. Depuis la création de ce groupe, d’autres institutions se sont jointes, ou ont participé, à ses travaux, comme le Geospatial Information Authority of Japan et le Lake Biwa Museum.

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Rencontre du groupe avec les leaders des communautés dans la préfecture de Fukushima à propos de prévention et de gestion des risques. © Emmanuel Garnier

A ce jour, les premiers résultats tangibles de cette collaboration ont porté sur la mémoire des catastrophes comme outil de réduction des risques, sur les origines des tsunamis le long de la faille de Nankai et sur la création d’une base de données historiques.

Dans le premier cas, les chercheurs ont exploré une source originale de la mémoire des catastrophes au Japon, à savoir les monuments de pierre érigés pour conserver le souvenir de ces événements néfastes. Il faut savoir que ces repères catastrophiques sont encore aujourd’hui largement connus et honorés lors des commémorations dans les communautés exposées aux risques, qu’elles soient rurales ou urbaines. De nouveaux ont même été créés depuis le désastreux tsunami de 2011, à l’origine de l’accident de la centrale de Fukushima.

Les chercheurs se sont également intéressés aux raisons pour lesquelles certains séismes de la grande zone de subduction de Nankai étaient suivis de tsunamis destructeurs et d'autres pas en se focalisant sur la genèse des tsunamis, partant de l’hypothèse que ces derniers dépendent principalement de la capacité des failles dans les parties peu profondes des zones de subduction à transférer le glissement sismique de la profondeur hypocentrale vers le haut ou à l'amortir avant qu'il n'atteigne la surface.

Enfin, grâce au concours du journal The Japan Times, qui a mis à la disposition du projet ses archives numérisées, une base de données inédite des   catastrophes survenues au Japon depuis le milieu du XIXe siècle a été créée. Au terme de ce travail réalisé dans le cadre d’un séjour de professeur invité de Emmanuel Garnier par le Disaster Prevention Research Institute de l’Université de Kyoto, plus de 2 000 données ont été collectées pour une période comprise entre 1865 et 2000.

En termes de livrables, depuis 2019, le partenariat s’est traduit par la publication de 3 articles dans des revues internationales, l’obtention d’un financement JSPS dédié aux témoignages culturels des tsunamis et à leur rôle de médiation et de prévention, ainsi que par la signature d’une convention entre les Universités de Kyoto et de Franche-Comté.

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Monument commémoratif de l’inondation de 1935 dans le village de Nakamachi, Préfecture de Shiga. © Emmanuel Garnier

En termes de perspectives, le PICS SECURES devrait rapidement déboucher sur de nouveaux projets entre les universités de Kyoto, de Tokyo, du Tohoku et du laboratoire Chrono-Environnement dans le cadre de recherches et de réseaux scientifiques dédiés aux retours d’expériences et à leur utilisation en matière de politique de réduction des risques et de récupération post-catastrophe (recovery) des sociétés.

 

(1) Chrono-environnement : CNRS / Université de Franche-Comté