Les moisissures sont naturellement présentes dans l’environnement intérieur et extérieur (air, sol, eau), parce qu’elles permettent notamment la dégradation de la matière organique. Cependant, selon la nature des moisissures et des personnes exposées, elles peuvent provoquer différents effets sur la santé avec des réactions allergiques comme l’asthme, la rhinite ou la conjonctivite, avoir des effets toxiques ou entraîner des infections. Par exemple, Aspergillus fumigatus, peut infecter des patients aux défenses immunitaires amoindries et entrainer des infections graves, appelées aspergilloses invasives. Quelquefois, les traitements médicaux ne permettent pas d’éliminer la moisissure en question.
Une partie de ces cas viendrait d’un phénomène engendré dans l’environnement.
Les fongicides sont largement utilisés en agriculture (céréales, fruits, vignes…) et dans l’industrie du bois pour la préservation contre les champignons phytopathogènes. Répandus dans l’environnement, ils ont un impact non intentionnel sur Aspergillus fumigatus naturellement présent dans les sols. Ce dernier va s’adapter pour survivre face à ces traitements. On parle alors de moisissures résistantes aux traitements antifongiques. La complexité du phénomène réside dans le fait que certains traitements agricoles ont des structures chimiques proches de ceux utilisés en médecine. Si un Aspergillus fumigatus développe une résistance aux traitements agricoles dans l’environnement, il en sera de même pour les traitements utilisés en médecine.
Comprendre l’origine de ces résistances, observer les conditions de leur apparition et rechercher un moyen de les éviter, tels sont les enjeux des études menées au laboratoire Chrono-environnement.
Steffi Rocchi est jeune docteure au laboratoire Chrono-environnement à Besançon. Elle travaille sur l’implication des micro-organismes dans le développement de pathologies respiratoires, infectieuses ou allergiques.
Fongicides agricoles et résistance : problème de santé publique ?
Lycée Granvelle, Dannemarie-sur-Crète
Mardi 6 mars 2018, 20 h
Entrée gratuite