Sandrine Paradis-Grenouillet
Géographe et anthracologue, chercheuse associée laboratoire GEOLAB, Université de Limoges

Les résultats des recherches menées depuis de nombreuses années sur le Salève permettent aujourd’hui de proposer une lecture dynamique des paysages du chaînon. L’activité de charbonnage, l’histoire des modes de gestion historiques de la forêt et une observation de la végétation actuelle sont mis en perspective. Afin de mesurer l’impact anthropique subi par la montagne pendant 2000 ans : exploitation forestière, pâturage, défrichements, extraction minière (minerai de fer) ou en carrière (sable, grès, calcaire, granite), sidérurgie.
La recherche a été initiée par la volonté de mieux connaître le petit district sidérurgique du Salève. L’intégration s’est réalisée en cours de programme d’étude des charbonnières, qui constituait l’étape suivante à la fouille d’un bas fourneau. Dans ce cadre, plus de 200 plateformes de charbonnage ont été identifiées puis 25 d’entre elles ont été sondées pour collecte de charbons de bois à des fins de datation et d’étude anthracologique. Le contexte végétal actuel a été relevé pour certaines d’entre elles. L’exploitation de la forêt combustible du Salève remonte au moins au Ier siècle après J.-C. et a duré deux millénaires. Les taxons identifiés dans les lots démontrent autant une sélection volontaire des essences charbonnées (hêtre) qu’une fabrication à partir de tout venant (indice de défrichement).
Les sources historiques confirment l’existence d’une législation forestière appliquée au Salève depuis au moins le VIe siècle (Lex Burgundionum). Taxons charbonnés, populations forestières actuelles et données historiques proposent une lecture dynamique de l’évolution de la forêt combustible du Salève sur la longue durée.

Rendez-vous le vendredi 1er avril à 9h30, salle -107M