En France, l’héritage de plus de 200 ans d’activité industrielle a fait de la gestion des sols pollués un enjeu majeur qui est aujourd’hui au centre des préoccupations sociétales. La pollution des sols a des conséquences graves pour l’environnement et la sécurité alimentaire. Elle peut notamment affecter la qualité des eaux souterraines et dégrader celle des cultures, entrainant une diminution des rendements agricoles. Les polluants présents dans les sols peuvent entraîner une baisse de la biodiversité, perturber les habitats naturels avec un impact direct sur la faune et la flore.
Les activités anthropiques et le développement industriel génèrent également une multitude de contaminants dans le sol dont certains sont génotoxiques. La génotoxicité désigne la capacité d’une substance ou d’un agent à modifier la structure, le contenu informatif ou la ségrégation de l’ADN. L’évaluation du potentiel génotoxique des composés présents dans les sols contaminés présente donc un enjeu sanitaire et environnemental important. En effet, l’altération de l’intégrité génomique peut avoir des effets négatifs sur la santé des organismes et perturber la dynamique naturelle des populations. Les contaminants génotoxiques ont la capacité de provoquer des mutations dans l’ADN. L’exposition à long terme à ces contaminants peut augmenter le risque de développer divers types de cancer.
Certains contaminants génotoxiques peuvent affecter la reproduction en provoquant des mutations génétiques dans les cellules germinales, ce qui peut entraîner des problèmes de fertilité ou des malformations congénitales.
Parmi les méthodes d’évaluation du potentiel génotoxique terrestre, la surveillance des altérations du génome dans les bioindicateurs de la qualité des sols a suscité un intérêt croissant au cours de la dernière décennie.
Cette review synthétise les connaissances actuelles concernant la génotoxicologie chez les escargots terrestres, bioindicateurs reconnus de la qualité des sols, notamment pour évaluer la biodisponibilité environnementale et toxicologique des composés. Les biomarqueurs classiques utilisés pour évaluer les effets génotoxiques (cassures de l’ADN, tests micronoyaux, amplification aléatoire de l’ADN polymorphe) à différents stades du cycle de vie, y compris chez les embryons sont analysés et évalués de manière critique. Les études ont été réalisées in vitro, in vivo, in situ et ex situ et ont porté sur un ensemble varié de contaminants (nanoparticules, métaux(loïdes), pesticides, hydrocarbures aromatiques polycycliques) et d’espèces d’escargots (Cantareus aspersus, Eobania vermiculata, Theba pisana, Helix lucorum).
Les études récentes présentées dans ce travail démontrent que l’utilisation d’escargots terrestres pour analyser et cartographier le potentiel génotoxique des sols est prometteuse en raison notamment de leur capacité à révéler la pollution et la toxicité des sols.