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Fondation Christiane et Jean Guilaine

Lors de son comité secret du 20 janvier 2017, l’Académie a approuvé la création en son sein de la fondation Christiane et Jean GUILAINE. Par décret du Conseil d’État, en date du 28 juin 2018, elle a été autorisée à accepter, aux clauses et conditions énoncées par Jean GUILAINE, la donation qui lui a été consentie par ce dernier, grâce à laquelle cette fondation pourra désormais entrer en activité.

La fondation

La fondation Christiane et Jean GUILAINE a pour objectif la promotion d’une période capitale dans l’évolution des sociétés humaines : la Protohistoire. Ce terme est entendu dans son sens le plus large, depuis l’émergence des premières sociétés agraires jusqu’à l’apparition d’organisations sociales élaborées (écritures, villes, états) qui en marquent le terme supérieur. En Occident, cette période, débutée avec la colonisation agricole, prend fin avec l’intrusion des cultures méditerranéennes disposant de l’écrit, dans le premier millénaire avant notre ère. La Fondation entend porter plus particulièrement son attention sur le Néolithique et l’âge du Bronze de la sphère méditerranéenne et européenne, mais n’exclue pas pour autant les expériences poursuivies en d’autres régions du monde.

La décision de créer cette fondation a été prise par Christiane et Jean GUILAINE en raison de leur propre investissement dans la recherche, l’enseignement, l’édition, l’animation d’un moment fort de l’humanité mais longtemps minoré autant dans le domaine de la Préhistoire (qui l’interprétait comme une sorte d’épiphénomène) que dans celui de l’Antiquité (qui le rejetait dans les temps obscurs en raison de l’absence d’écriture, cette technique étant considérée comme la ligne de partage entre Préhistoire et Histoire).

Or cette période s’avère essentielle en raison des transformations induites par la sédentarisation, la domestication végétale et animale, les flux géniques ayant remodelé le peuplement des continents, la naissance des villages, l’expression de la complexité sociale et l’avènement d’inégalités, le développement des tensions pour la conquête du pouvoir et l’esprit de domination. Par ailleurs, l’impact des communautés protohistoriques sur le paysage a entrainé un engrenage de bouleversement de la nature, de socialisation de l’environnement qui a été à l’origine d’effets toujours plus négatifs sur le maintien de la biodiversité. Il n’est pas déplacé d’affirmer que l’Anthropocène puise ses racines dans le Néolithique.

Enfin cette période doit être considérée comme le substrat, le socle sur lesquels se sont développées la plupart des civilisations classiques de l’Antiquité. Elle en constitue la matrice matérielle et idéelle.

Tout au long de sa carrière, par ses terrains méditerranéens, l’animation d’un laboratoire pluridisciplinaire regroupant des chercheurs de qualité, ses thématiques de recherche, Jean GUILAINE a contribué à placer la Protohistoire au cœur de problématiques archéologiques innovantes. Cette dynamique autour des origines et de l’évolution de la première ruralité a aussi trouvé à s’exprimer dans des pratiques d’enseignement qui s’exercèrent au sein d’établissements prestigieux. Directeur de recherche au CNRS (1974), il devient en 1978 directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et intitule sa chaire : « Néolithisation et premières sociétés rurales ». Élu en 1994 au Collège de France, il animera une chaire ayant pour titre « Civilisations de l’Europe au Néolithique et à l’âge du Bronze ». Aujourd’hui professeur honoraire, il continue à s’investir dans des programmes de recherche. Il est membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Institut de France) depuis 2011.

Christiane Guilaine (1942-2016) a été sa collaboratrice permanente autant sur ses terrains que dans l’élaboration de son œuvre scientifique. Leurs noms restent indissolublement liés.

Le prix

L’un des objectifs de la fondation, dû à la générosité des fondateurs mais pouvant aussi bénéficier de contributions de particuliers ou de mécènes, consiste dans l’attribution d’un prix d’un montant de 10 000 € destiné à honorer un savant, chercheur ou universitaire, s’étant distingué par une œuvre reconnue dans le domaine de la Protohistoire. Le lauréat doit bénéficier d’une renommée indiscutée au plan international dans le but de conserver à la Fondation elle-même une crédibilité scientifique incontestable. Le bénéficiaire ne pourra être de nationalité française qu’une fois sur trois. Le prix est attribué par un conseil d’administration comportant des membres de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et des spécialistes extérieurs de la période protohistorique. Le premier prix de la fondation Christiane et Jean GUILAINE sera remis en 2019.

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