Notre histoire

 

Chrono Environnement

Éloge de la pluridisciplinarité

Il est peut-être exagéré de faire de l’université de Franche-Comté un terreau particulièrement propice à l’émergence d’expériences pluridisciplinaires audacieuses. Pourtant, dès les années soixante, les chercheurs locaux n’hésitaient pas à mêler recherches historiques et approches des sciences de la nature. Devant le succès des premières expériences, ces passeurs de frontières sont allés beaucoup plus loin.
D’importantes restructurations ont accompagné cette évolution. Elles ont d’abord concerné les sciences humaines, l’archéologie, l’histoire, le paléoenvironnement avec la mise en place du DEA Méthodes et techniques nouvelles en SHS dans les années 1970 et la création de l’unité CNRS de Chrono-écologie en 1981.

Une vue « bucolique » du secteur de la Bouloie avec au second plan l’école des Beaux-arts (ISBA), [1970-1972] (AMB, 26Fi101-43) © Archives photographiques de la Ville de Besançon

Cour intérieure de l’UFR SLHS à Besançon, site de Mégevand© CC Ludovic Godard – UFC

L’Institut des sciences et techniques de l’environnement (ISTE), créé en 1989, fédéra les recherches en environnement. Les médecins et biologistes de la santé travaillant dans le domaine de l’environnement se regroupèrent en 1992 au sein de l’unité Santé et environnement rural de Franche-Comté (SERF). En 1998, les biologistes œuvrant dans le domaine de l’environnement créèrent le Laboratoire de biologie environnementale (LBE).

La même année, les thématiques de la géologie se sont réorganisées. En 2004, la Maison des sciences de l’homme et de l’environnement (MSHE) se démarqua des autres MSH autour de la thématique Homme, temps, territoires, environnement.

Ces restructurations ont permis la mise en place d’un enseignement original en archéologie liant Sociétés, cultures, environnement et territoires, et également du DEA Environnement, santé, société. Des réponses communes à des appels d’offres régionaux, nationaux et internationaux ont alors été possibles, à l’image du PPF Milieux naturels-Milieux anthropisés qui préfigurait déjà la volonté de regroupement des équipes impliquées.

Le 1er janvier 2008 naissait ainsi le laboratoire Chrono-environnement, issu de la fusion de l’UMR CNRS Chrono-écologie, l’EA usc INRA LBE, l’EA Géosciences, et d’une partie de l’EA SERF et de l’EA Physiopathologie et épidémiologie de la résistance aux anti-infectieux (PERAI).

Dans le Jura, les palafittes des bords de lac de Chalain et Clairvaux-les-Lacs sont des témoins remarquables de cette époque, à partir de 3 900 av. J.-C. Ils ont fait l’objet de fouilles pendant une quarantaine d’années par une équipe dirigée par Anne-Marie et Pierre Pétrequin.

Mardi 6 décembre, inauguration de la Maison de l’étudiant, «vitrine» de l’université selon Françoise Bévalot qui a coupé le ruban aux côtés de Raymond Forni, Jean-Marc Rebière et Jean-Louis Fousseret.© Archives Ville de Besançon

Le défi était de taille et paraissait pour beaucoup irréaliste en raison de sa complexité : trans-UFR, multi-sites, pluri-organismes (CNRS, Université, INRA, Ministère de la Culture, INRAP, Hôpital, puis plus tard CEA…), et absence d’équipes. Pour en arriver là, certains décideurs ont dû croire en l’avenir du projet et l’accompagner. Il faut citer en premier lieu Françoise Bévalot, présidente de l’Université de Franche- Comté jusqu’en 2006, qui a fortement encouragé un tel regroupement ; ses successeurs trouveront les moyens nécessaires pour le réaménagement des locaux et un regroupement, encore en cours, des équipes d’origine. Pour le CNRS et le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le défi était de taille puisqu’il fallait admettre que la nouvelle UMR réussirait à effacer les partitions disciplinaires habituelles, anticipant ainsi ce que soutiendra le nouvel institut INEE du CNRS, à partir de 2009. Il faut aussi souligner que l’originalité d’un tel regroupement a pour le moins perturbé les instances d’évaluation comme l’AERES, aujourd’hui HCERES, habituées à plus de classicisme. Localement, l’appui financier très important des Conseils régionaux successifs a été indispensable au développement souhaité par les chercheurs.

Au cœur de chaque équipe, il fallait faire passer cette révolution et expliquer que nous devrions côtoyer d’autres collègues, d’autres façons de travailler. Les initiateurs du projet, qui partageaient une expérience commune étaient alors : Pierre-Marie Badot, professeur de biologie environnementale ; Patrick Giraudoux, professeur d’écologie ; Didier Marquer, professeur de géologie ; Jean-François Viel, professeur de santé publique et épidémiologie ; Hervé Richard, directeur de recherche CNRS, paléoenvironnementaliste, qui sera le premier directeur de Chrono-environnement.

Le laboratoire Chrono-environnement, pluridisciplinaire et multi-site, s’est encore agrandi en intégrant une équipe du CEA et de nombreux chercheurs ont rejoint le noyau d’origine. Aujourd’hui, ce projet original tient une place unique dans le paysage de la recherche française et internationale.

Première Assemblée Générale commune entre les membres des laboratoires de Chrono-écologie, de Biologie Environnementale et de Géosciences, le 18 novembre 2005.
De gauche à droite : Didier Marquer, directeur de Géosciences ; Pierre-Marie Badot, co-directeur du laboratoire de Biologie environnementale ; Françoise Bévalot, Présidente de l’Université de Franche-Comté ; Patrick Giraudoux, co-directeur du laboratoire de Biologie environnementale ; Hervé Richard, directeur de Chrono-écologie. Le SERF (Santé et environnement rural Franche-Comté) rentrera en partie dans cette fédération l’année suivante et sera représenté par Jean-François Viel. © Estelle Franc