De Montbéliard à Besançon, un parcours linéaire, la COVID-19 comme trouble fête et sujet de recherche. Découvrez le portrait de Mathilde Massard, nouvelle maîtresse de conférences en mathématiques. Valse avec les chiffres…

Labo – Quelle est votre discipline de recherche ?
Mathilde Massard (MM) – Les mathématiques appliquées

Une phrase pour expliquer votre métier
Mon métier consiste, d’une part, à enseigner les mathématiques à l’université, auprès de différentes filières et niveaux, et d’autre part, à mener des recherches en mathématiques appliquées pour mieux comprendre des phénomènes liés à la santé publique. La recherche en mathématiques appliquées est un travail interdisciplinaire.

D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ?

Je viens de Montbéliard et j’ai effectué mes études à Besançon. Après deux stages de recherche au Laboratoire de Mathématiques de Besançon (LMB) sur la modélisation épidémiologique appliquée à la COVID-19, j’ai poursuivi par une thèse dans ce même laboratoire, consacrée à la modélisation mathématique de la dynamique multi-échelle pour la propagation des épidémies, avec des applications aux maladies infectieuses. Pendant l’année universitaire 2024-2025, embauchée comme Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) à l’Université Marie et Louis Pasteur, j’ai effectué ma recherche au sein du laboratoire Chrono-environnement, dans l’équipe « Agent Pathogène », et j’ai assuré mes enseignements à l’UFR Santé. Depuis septembre 2025, je suis recrutée comme maîtresse de conférences.

Qu’est-ce qui vous a donné le goût de la recherche ?

J’ai pris goût à la recherche lors de mes stages de master. Mon stage de Master 1, réalisé pendant le premier confinement lié à la pandémie de COVID-19, m’a montré à quel point les mathématiques pouvaient contribuer à relever des enjeux de santé publique. J’ai également été inspiré par plusieurs enseignants pendant mes études, ainsi que par mes directeurs, qui m’ont transmis leur passion pour la recherche. C’est un mélange d’applications concrètes des mathématiques et de rencontres qui m’a donc donné envie de faire ce métier.

Quelles sont vos activités de recherche ?

Je modélise et étudie les mécanismes de propagation des maladies infectieuses à différentes échelles : inter-hôte et intra-hôte. Je développe également des modèles multi-échelles, qui couplent ces deux niveaux, car, dans la réalité, la propagation d’une maladie résulte à la fois de mécanismes inter-individus et intra-individus. Ces approches permettent, par exemple, d’apporter des pistes de réponse à des problématiques concernant la manière de contrôler la transmission d’une maladie dans une population donnée (inter-hôte) en jouant sur des composantes intra-individus.
Plus récemment, je travaille sur la modélisation de la dynamique du résistome, c’est-à-dire l’ensemble des gènes de résistance aux antibiotiques.

Quels sont les intérêts de cette recherche ?

La modélisation mathématique est un outil important car elle permet de tester la validité d’hypothèses biologiques, d’estimer des paramètres difficiles à mesurer et de faire des prédictions, par exemple, sur l’évolution d’une épidémie ou des résistances. L’intérêt de ces recherches est en fait double. Sur le plan scientifique, elles contribuent à enrichir les connaissances fondamentales et sur le plan sociétal, elles offrent des outils d’aide à la décision pour la santé publique. Enfin, les approches développées peuvent être adaptées à d’autres problématiques, par exemple en écologie.

Quelles sont vos perspectives de recherche ?

Dans l’immédiat je souhaite continuer à travailler sur des problématiques de modélisation multi-échelle. Du point de vue des applications, je souhaite travailler sur la modélisation de la résistance des pathogènes aux antimicrobiens, en intégrant une perspective « One Health ».

Vers quelle thématique du labo Chrono-environnement vous rapprochez-vous ?

Actuellement, je suis rattachée à la thématique « Agent Pathogène ». Mais la recherche en mathématiques appliquées est par nature interdisciplinaire et peut se relier aux autres thèmes de Chrono-environnement. C’est d’ailleurs ce que j’apprécie particulièrement dans ce domaine : les mathématiques appliquées offrent la possibilité de faire évoluer ma carrière vers plusieurs champs d’application différents.

Quelques dates

2016 : Bac S, Lycée Le grand Chenois, Montbéliard
2021-2024 : Thèse au Laboratoire de Mathématiques de Besançon
2024-2025 : ATER à l’Université Marie et Louis Pasteur, Besançon
2025 : Maîtresse de conférences à l’Université Marie et Louis Pasteur