C’est avec une grande émotion que le laboratoire a appris le décès de notre collègue Didier Marquer, professeur de géologie au laboratoire Chrono-environnement, survenu le 29 août 2024. Par les mots de Philippe Goncalves, un collègue et ami proche, nous tenons à lui rendre hommage.
Didier Marquer était un formidable géologue passionné, apprécié et reconnu par la communauté des sciences de la Terre, en France, en Suisse et à l’international. Son enthousiasme, son amour de la géologie et ses qualités scientifiques et pédagogiques ont été des atouts majeurs dans l’accomplissement de sa carrière, tout autant que sa gentillesse, son charisme et sa sérénité. Didier Marquer était un tectonicien résolument moderne, avec de très fortes compétences en pétrologie et géochimie. Il aura publié près d’une centaine d’articles scientifiques et cartes géologiques qui ont largement amélioré notre compréhension de la géodynamique des chaînes Alpines, et en particulier les Alpes Centrales (massif de l’Aar et du Gotthard, nappe de Tambo, Suretta, Adulla…). Sa connaissance très approfondie des Alpes, il l’aura acquise dès sa thèse à l’université de Rennes sous la direction de Pierre Choukroune et Denis Gapais. Cette thèse est intitulée « Transfert de matière et déformation progressive des granitoïdes : exemple des massifs de l’Aar et du Gothard (Alpes Centrales Suisses) ». Comme il aimait à le rappeler, il aura mené ce début de carrière dans un environnement scientifique très stimulant, au contact de chercheurs de renom, qui ont largement contribué au développement de la géologie structurale et posé les bases modernes de la tectonique.
Didier Marquer poursuivra sa carrière pendant plus de 10 ans en Suisse, à l’université de Neuchâtel où il deviendra le spécialiste de la géodynamique des Alpes Centrales en établissant des modèles tectoniques de nappe crustale. Il participera au levé de plusieurs cartes géologiques en Suisses. La suite de sa carrière, au début des années 2000, se fera à l’université de Franche-Comté à Besançon où il poursuivra ses recherches dans les Alpes, et plus spécifiquement sur les interactions fluide-roche dans les zones de cisaillement, tout en élargissant son spectre de recherche aux chaînes anciennes, telles que la chaîne Varisque en France et les chaînes paléoprotérozoïques au Canada. Pendant cette période bisontine, Didier aura largement contribué au développement des géosciences à l’université de Franche-Comté. Il aura surtout été un des fondateurs de l’unité mixte de recherche Chrono- environnement UFC-CNRS en 2008. Ce laboratoire pluridisciplinaire, comptant plus de 250 permanents aujourd’hui, regroupe géologues, archéologues, biologistes, écologues, chimistes, médecins qui travaillent de concert afin de comprendre l’évolution des environnements actuels et passés sous l’effet des pressions naturelles et anthropiques. Au début des années 2000, réunir dans un même laboratoire des chercheurs de cultures scientifiques très différentes (des sciences humaines et sociales aux sciences de la santé en passant par les sciences fondamentales et naturelles) était un défi majeur, que Didier aura brillamment relevé en débloquant des situations parfois complexes. Didier Marquer aura aussi œuvré pour la communauté nationale des sciences de la Terre, via sa participation au Conseil National des Universités de la 35e section, au comité de la carte géologique et au Référentiel Géologique de la France sous l’égide du BRGM. Depuis une dizaine d’années, il aura mis ses connaissances géologiques et compétences professionnelles au profit du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, en tant que chargé de missions « Sciences de la Terre, Géoressources et Géotechnologies » à la direction générale pour la recherche et l’innovation. Il aura apporté son expertise et aide au ministère pour traiter des sujets hautement stratégiques et sensibles, tels que la crise sismique à Mayotte entre 2018 et 2020 ou la création d’infrastructure de recherche comme l’European Plate Observing System France (Epos-France). Enfin, Didier Marquer aura formé de nombreux doctorants et post-doctorants qui mènent aujourd’hui de brillantes carrières académiques ou industrielles. C’était aussi un excellent enseignant, très apprécié des étudiants. Nul doute que des générations d’étudiants se souviennent de son enthousiasme, de sa passion et surtout de son plaisir à encadrer des stages de terrain dans la nappe de Suretta (Alpes Suisse), en Montagne Noire, dans les Cévennes, les Corbières, le massif de l’Agly (Pyrénées Orientales), les Alpes occidentales… la liste serait trop longue à énumérer. Didier Marquer nous a quittés le jeudi 29 août 2024 à l’âge de 65 ans, à la suite d’une longue lutte contre la maladie. Ses cendres seront dispersées sur l’île de Groix, son île qu’il aimait tant, au lieu-dit la pointe-des-chats où l’on y trouve de superbes schistes bleus à glaucophane, épidote et grenat. Toutes nos pensées vont à sa famille, ses amis et ses collègues.