ACTUALITES

 

Hugo Sentenac, écologue de la santé

30 janvier 2025 | Actualités, DYNABIO, PATHOGENES, Portrait

Portrait de Hugo Sentenac, nouvel enseignant-chercheur à l’Université Marie et Louis Pasteur, dont les passions oscillent entre santé de la faune sauvage et les sciences environnementales.

Labo – Quelle est votre discipline de recherche ?
Hugo Sentenac : Ma recherche est interdisciplinaire et combine sciences de la santé (en particulier épidémiologie vétérinaire) et sciences environnementales (écologie et écotoxicologie).

Une phrase pour expliquer votre métier
Mon métier consiste, d’une part, à enseigner les sciences du vivant, et d’autre part, à faire de la recherche pour élucider les déterminants de la santé de la faune sauvage et, plus largement, expliquer les liens complexes entre santé, biodiversité, environnement, et durabilité.

D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ?

Je viens d’un village viticole de Côte d’Or, Pernand-Vergelesses. Après deux ans de classes préparatoires, j’ai intégré l’École nationale vétérinaire de Lyon (Vetagro-Sup) dans l’optique de travailler pour la santé de la faune sauvage. À ma sortie d’école, j’ai néanmoins d’abord pratiqué deux ans en clientèle (chiens, chats, bovins). Après un an d’explorations naturalistes en Nouvelle-Zélande, j’ai repris des études avec un master destiné aux vétérinaires, sur la santé de la faune sauvage, au cours duquel j’ai réalisé un stage au Chili, sur la chytridiomycose des amphibiens, la pire maladie infectieuse connue en termes d’impacts sur la biodiversité. C’est là que j’ai trouvé « mon » sujet de recherche ! Revenu en France à Toulosue, j’ai donc poursuivi par une thèse de recherche au CRBE sur les liens entre le champignon qui cause la chytridiomycose (Batrachochytrium dendrobatidis, Bd) et les biofilms des lacs pyrénéens. J’ai embrayé sur deux post-docs à Toulouse et Montpellier (CBGP) tout en étant hébergé à Besançon au laboratoire Chrono-environnement. Séduit par la Franche-Comté, j’ai candidaté en 2024 au poste de maître de conférences et la chance m’a souri, j’ai été recruté.

Qu’est-ce qui vous a donné le goût de la recherche ?

Outre le besoin d’œuvrer pour la conservation de la faune sauvage, c’est le besoin d’adhérer et de faire vivre la démarche scientifique pour produire des connaissances solides, les diffuser, et correctement informer nos prises de décisions afin d’améliorer notre société.

Quelles sont vos activités de recherche ?

De façon large, j’étudie comment les changements environnementaux causés par les humains impactent la santé de la faune sauvage. Plus tard, j’aimerais étudier comment en retour cela peut affecter les humains. J’aborde ces thématiques avec des approches transversales de la santé (de type One Health). Mon principal modèle d’étude est le système Bd-amphibiens, que j’ai surtout étudié dans les écosystèmes d’eau douce d’altitude (importance des biofilms, des autres microbiomes, du changement climatique). Plus récemment, j’ai utilisé le modèle rongeur pour mieux cerner l’importance de la pollution et de l’environnement dans le succès invasif des rongeurs et le risques zoonotiques qui leur sont associés. De manière plus accessoire, j’ai aussi de multiples petits projets de recherche visant à améliorer la conservation de la faune sauvage (amphibiens, oiseaux, invertébrés d’eau douce).

Quels sont les intérêts de cette recherche ?

En plus des aspects fondamentaux (nouvelles connaissances sur le fonctionnement des écosystèmes), il y a des enjeux de conservation de notre patrimoine naturel et des enjeux de santé publique, et par suite, de soutenabilité. Les amphibiens sont les vertébrés les plus menacés, la faune sauvage d’eau douce l’est peut-être encore plus, les écosystèmes de montagnes sont en grand péril, et le risque zoonotique associé aux rongeurs ou à d’autres animaux sauvages n’a jamais été aussi grand.

Quelles sont vos perspectives de recherche ?

Dans l’immédiat, j’ai toujours des projets de recherche en cours concernant mes deux modèles d’étude principaux. En ce qui concerne le premier, j’aimerais mieux comprendre l’importance du changement climatique, et de la qualité des biofilms (importance nutritionnelle, stockage de contaminants) sur la santé des amphibiens, en combinant études de terrain et de laboratoire. Pour le deuxième, j’aimerais mieux comprendre comment les contaminants affectent la santé, en particulier le système immunitaire, puis étudier les conséquences pour les dynamiques infectieuses à l’échelle du socio-écosystème (en particulier, transmission à l’humain). À moyen terme, j’envisage de mieux intégrer les concepts d’exposome et de multi-stress dans mes recherches, et le faire de façon plus locale, en Franche-Comté, où les menaces infectieuses ou toxicologiques pour l’herpétofaune sont encore mal caractérisées.

Sélection de publications

 

 

 

Quelques dates

  • 2008 : bac S, Lycée Clos Maire, Beaune
  • 2019-2023 : thèse, CRBE UMR 5300 Toulouse
  • 2023 : postdoc CRBE Toulouse – Besançon
  • 2024 : postdoc CBGP, Montpellier – Besançon
  •  Septembre 2024 : maître de conférences à l’université de Franche-Comté (aujourd’hui Université Marie et Louis Pasteur)

Prochains événements

Soutenance d’HDR de Guillaume Bertrand

Soutenance d’HDR de Guillaume Bertrand

Guillaume Bertrand a le plaisir de vous convier à sa soutenance d’Habilitation à diriger des recherches, intitulée « Élaboration de modèles hydrogéologiques et hydrobiogéochimiques de la Zone Critique et de modèles hydroécologiques et hydrosociologiques des...