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Les eaux de blanchisseries : un cocktail de substances nocives pour l’environnement ?

4 septembre 2024 | Actualités, Articles scientifiques, POLLUTION, Publication

Grégorio Crini (polymériste environnemental) et Nadia Morin-Crini (chimiste analytique), chercheurs à Chrono-environnement, viennent de publier un article de 37 pages dans le journal Environmental Chemistry Letters (journal sur invitation, facteur d’impact = 15, taux d’acceptation < à 25%) sur les eaux de blanchisseries. Cet article, intitulé Characterization and treatment of industrial laundry wastewaters: a review, est le premier état de l’art publié dans la littérature scientifique. Il a été co-écrit avec des collègues universitaires provenant d’Italie, de Chine, de Nouvelle-Zélande, du Canada, de Mexique, du Nigéria, de Grèce et de Roumanie.

Après un rappel du métier de blanchisseur et des réglementations en cours, l’article décrit le cocktail de substances présentes dans les eaux usées, les principales méthodes de traitement des eaux, et les challenges industriels et environnementaux auxquels la filière doit faire face. La problématique des eaux de blanchisseries, de leur composition chimique à leur traitement, en passant par leur réutilisation, est devenue non seulement un enjeu social, économique, énergétique et environnemental pour le secteur industriel, mais également un défi mondial en termes de traitement des eaux et de pollution des compartiments aquatiques par les polluants dits émergents.

Au niveau national, depuis le Plan EAU de 2023 et dans le cadre de l’action RSDE (recherche des substances dangereuses dans l’eau), la filière française des blanchisseries doit d’une part, caractériser la pollution (DCO dure, tensioactifs, microplastiques) et le cocktail de substances présentes dans ses rejets, notamment un certain nombre ciblées réglementairement comme les per- et polyfluoroalkylées, les alkylphénols, les diphénylétherbromés et les phtalates, et d’autre part, proposer des solutions d’ici 2030 afin de diminuer les flux de ces pollutions non-biodégradables et substances rejetées dans l’environnement, certaines étant connues pour leur caractère de perturbateur endocrinien, cancérogène et/ou mutagène.

Or, le challenge est difficile car d’une part, la filière utilise dans ses procédés de nombreuses et variées formulations commerciales (détergents, neutralisants, désinfectants, additifs, agents de blanchiments, solubilisants, oxydants, régulateurs de mousses, enzymes, adoucissants, parfums, inhibiteurs de corrosion, etc.) dont la composition est peu détaillée pour des raisons de confidentialité et d’autres part, les méthodes conventionnelles de traitement des eaux n’ont pas été conçues pour éliminer les polluants émergents présents à l’état de traces dans des mélanges complexes et surtout variables. Le groupe de chimie de l’eau de Chrono-environnement s’intéresse depuis une dizaine d’années à ces problématiques en partenariat avec des blanchisseurs industriels de Pontarlier, de Bari et de Bucarest.

 

 

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