Reconnu pour son expertise en écotoxicologie, le laboratoire Chrono-environnement est heureux d’accueillir Léa Bariod, écotoxicologue, qui travaillera durant son contrat post-doctoral sur les projets SPACEMOD et COMICS. Portrait
Labo – Quelle est votre discipline de recherche ?
Léa Bariod (LB) – L’écotoxicologie de la faune sauvage principalement, mais j’ai également travaillé sur des thématiques relevant de l’écologie et de la parasitologie chez des espèces animales sauvages.
Une phrase pour expliquer votre métier
Je suis post-doctorante en écotoxicologie et mes recherches portent sur les effets des polluants environnementaux (éléments traces métalliques, pesticides) sur la santé, notamment l’altération du microbiote digestif, et l’écologie des vertébrés terrestres (petits mammifères, oiseaux).
D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ?
Originaire du Jura, j’ai suivi une formation en biologie et dynamique des populations à l’Université de Bourgogne, avant de réaliser une thèse en écologie-parasitologie soutenue en 2023 à l’école vétérinaire Vetagro-Sup, en collaboration avec l’Office français de la biodiversité et le laboratoire de Biométrie et biologie évolutive. Mes travaux de thèse ont porté sur les déterminants environnementaux et phénotypiques de l’hétérogénéité d’infestation parasitaire chez le chevreuil, en explorant notamment le lien encore peu étudié entre éléments minéraux essentiels et parasitisme chez un grand mammifère sauvage. Souhaitant rester dans le champ de la santé de la faune sauvage, j’ai ensuite orienté mes travaux post-doctoraux vers l’écotoxicologie, en étudiant en 2024, au Centre d’études biologiques de Chizé (CEBC), les effets des pesticides sur la physiologie et le microbiote digestif d’oiseaux agricoles tels que le busard cendré et la perdrix grise. Face à l’enjeu croissant des polluants chimiques, j’ai poursuivi mon parcours en 2025 au laboratoire Chrono-environnement, où je travaille actuellement sur les projets SPACEMOD et COMICS, entre autres, consacrés aux effets des multi-contaminations (pesticides, éléments traces métalliques) sur les réseaux trophiques et la santé des micromammifères, notamment le microbiote digestif, aux niveaux individuel et populationnel.
Quelles sont vos activités de recherche ?
À Chrono-environnement, je suis actuellement chercheuse post-doctorale dans le cadre du projet SPACEMOD, coordonné par Renaud Scheifler. L’objectif est de développer un outil de modélisation spatialement explicite permettant de simuler les effets des multi-expositions aux contaminants (pesticides, éléments traces métalliques) sur les réseaux trophiques. Ce projet intègrera une partie de récolte de données sur le terrain (piégeage, prélèvements), suivie d’analyses en laboratoire (analyses du microbiote, dosages de contaminants, marqueurs physiologiques) afin de récolter des informations sur divers paramètres individuels.
En parallèle, je participe au projet COMICS, qui s’intéresse aux effets de la co-exposition chimique sur le microbiote intestinal de la faune sauvage, ainsi qu’à une étude sur la dynamique spatio-temporelle du régime alimentaire de deux espèces de rongeurs sympatriques exposés à un gradient de contamination. Ces projets s’inscrivent dans une approche intégrative de l’écotoxicologie, à l’interface entre santé environnementale et écologie des populations.
Quels sont les intérêts de cette recherche ?
Ces recherches répondent à des enjeux majeurs en santé environnementale, face à la contamination croissante des milieux naturels par des cocktails de polluants. En intégrant l’exposition multiple (pesticides, éléments traces métalliques) et les réponses biologiques à différentes échelles (microbiote, physiologie, alimentation), s’appuyant sur une approche combinée de terrain et de laboratoire, cette démarche permet de mieux comprendre les mécanismes d’impact des contaminants sur la faune sauvage. Le développement d’un outil de modélisation spatialement explicite dans le projet SPACEMOD constitue également un levier innovant pour prédire les zones et espèces les plus à risque, et orienter les actions de gestion ou de régulation de manière ciblée et efficace.
Quelles sont les perspectives de recherche ?
L’approche intégrative que nous développons dans le projet SPACEMOD et qui s’appuiera en partie sur des données récoltées ultérieurement sur le terrain, ouvre des perspectives de recherche innovantes, et pourra être adaptée à d’autres territoires, espèces ou types de polluants, dans un contexte de pressions anthropiques croissantes sur la biodiversité. De plus, mes recherches permettront de renforcer les connaissances sur les relations entre expositions multiples, altérations du microbiote et conséquences physiologiques ou écologiques chez différentes espèces de micromammifères. À terme, cette approche pourra être étendue à d’autres contaminants d’intérêt émergent, tels que les PFAS ou les HAP. Enfin, des analyses plus fines du microbiote, ciblant par exemple les réponses fonctionnelles de certaines communautés bactériennes, permettront de mieux comprendre les mécanismes, notamment au niveau métabolique, d’altération induits par les expositions environnementales.
Comment connaissez-vous le laboratoire ?
J’ai connu Chrono-environnement lors de ma thèse, à l’occasion d’une de mes études portant sur les éléments essentiels chez le chevreuil. Les analyses avaient alors été réalisées dans ce laboratoire. Par la suite, au cours de mon post-doctorat au CEBC, j’ai retrouvé à plusieurs reprises le nom de ce laboratoire dans des publications de référence en écotoxicologie.
Pourquoi choisir de venir à Chrono-environnement ?
J’ai choisi de venir à Besançon en raison de la convergence entre les thématiques de recherche du laboratoire et mon parcours. Le projet SPACEMOD, centré sur les effets de multi-contaminations (pesticides, éléments traces métalliques) sur la faune sauvage, s’inscrit dans la continuité de mes travaux en écotoxicologie. J’avais aussi la possibilité de poursuivre mes recherches sur les relations entre contaminants et microbiote chez un nouveau modèle animal. L’équipe, attrayante par ces domaines d’expertise, offre un environnement scientifique stimulant. Le projet est structuré autour d’activités de terrain, de laboratoire et de valorisation par publication, ce qui est particulièrement attractif pour moi. Enfin, sa localisation, à proximité de mon département d’origine, le Jura, constitue un atout personnel supplémentaire.
Sélection de publications
- Bariod L., Saïd S., Calenge C., Scheifler R., Fritsch C., Peroz C., et al. (2024) Essential trace elements in roe deer: associations with parasite burden and immune phenotype in two contrasted populations. Ecology and Evolution, 14, e11613.
- Bariod L., Fuentes E., Millet M., White J., Jacquiod S., Moreau J., & Monceau K. (2024). Direct and indirect effects of pesticide exposure on farmland raptor gut microbiota. Journal of Hazardous Material, 485, 136857.
- Bariod L., Fuentes E., Millet M., White J., Jacquiod S., Moreau J., & Monceau K. (2025). Exposure to pesticides is correlated with gut microbiota alterations in a farmland raptor. Environment International, 199, 109436.




