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Jean-Luc Prétet, PU-PH, expert en carcinogenèse virale, a rejoint Chrono-environnement

21 mars 2024 | Actualités, PATHOGENES

Jean-Luc Prétet, quelle est votre discipline de recherche ? Votre métier en deux mots ?
Biologie – Santé, plus particulièrement je m’intéresse à la carcinogenèse virale : des mécanismes moléculaires à la prévention des cancers associés aux papillomavirus humains.
Hospitalo-universitaire, j’assure des missions d’enseignement de la biologie cellulaire à l’UFR Sciences de la Santé, de recherche sur les cancers associés aux papillomavirus humains et hospitalière en biologie moléculaire des cancers. J’assume en outre la direction du Centre National de Référence Papillomavirus.

D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ?
Je suis scientifique de formation, titulaire d’une maîtrise de biochimie, d’un DEA de Biochimie, Biologie Cellulaire et Moléculaire, d’une thèse de sciences de la vie (Université Paris V). J’ai ensuite été recruté comme Assistant Hospitalo-Universitaire en Biologie Cellulaire à la faculté de Médecine et de Pharmacie de Besançon en 1999. Après quatre années, j’ai passé le concours de MCU-PH en Biologie Cellulaire puis celui de Professeur des Universités – Praticien Hospitalier en 2015. J’ai obtenu mon Habilitation à Diriger des Recherches en 2005. J’ai émargé au sein de l’unité de recherche EA3181 dirigée par le Pr C Mougin et j’ai ensuite repris la direction de cette unité de 2017 à 2023. La reconnaissance de notre équipe sur les papillomavirus humains a permis à notre laboratoire hospitalier d’être nommé en 2017 Centre National de Référence Papillomavirus et j’en assure la direction.

Qu’est-ce qui vous a donné le goût de la recherche ?
J’ai toujours été fasciné par le vivant, et en particulier par ce qui gouverne son fonctionnement à l’échelle cellulaire et subcellulaire. J’ai eu envie d’explorer, pour mieux les saisir, les mécanismes moléculaires régissant le fonctionnement des cellules, des tissus et des organismes que ce soit dans des conditions physiologiques ou pathologiques.

Quelles sont vos activités de recherche ?
Il est aujourd’hui démontré que la persistance d’une infection par un papillomavirus humains (HPV) à haut risque constitue le facteur de risque majeur du cancer du col de l’utérus, de l’anus et d’une fraction des cancers de la vulve, du vagin, du pénis et des voies aérodigestives supérieures. La persistance de l’infection peut être modulée par de nombreux cofacteurs liés au virus lui-même, à l’hôte ou encore à l’environnement. Parmi les HPV, l’HPV16 persiste davantage que les autres génotypes et le maintien des génomes viraux et l’expression continue des oncogènes viraux au cours de l’histoire naturelle peuvent expliquer son association très forte avec les cancers. Pour ce qui est des facteurs liés à l’hôte, la mise en place de réponses immunitaires spécifiques efficaces contre les HPV est essentielle pour limiter la persistance de l’infection donc le risque de développement de lésions précancéreuses ou de cancers. Ainsi, il est probable que des défauts d’initiation de la réponse immunitaire ou encore un défaut dans les réponses immunitaires elles-mêmes puissent expliquer pourquoi certains patients sont sujets à des infections persistantes et donc à un risque accru de cancer.

Mes projets de recherches visent :

  • À comprendre les mécanismes épigénétiques (méthylation notamment) de régulation de l’expression des oncogènes d’HPV,
  • À caractériser l’impact des oncogènes viraux sur les réponses immunitaires innées précoces,
  • À identifier de nouveaux biomarqueurs viraux théranostiques des cancers associés aux HPV (charge virale, intégration, expression des transcrits, variants),
  • À étudier l’impact de nouvelles stratégies de prévention primaire (vaccination) et secondaire (dépistage) sur les infections à HPV et les lésions associées à ces virus.

Quel est l’intérêt de cette recherche ?
La recherche que je conduis est dite « translationnelle » c’est-à-dire le travail scientifique consiste en des allers-retours entre des observations/hypothèses cliniques et la recherche fondamentale en biologie qui tente d’y répondre. De ce fait, les résultats de ce type de recherche permettent non seulement d’identifier de nouveaux mécanismes cellulaires et moléculaires en lien avec une pathologie, mais aussi de transférer ces données pour proposer de nouveaux tests théranostiques ou de nouvelles approches thérapeutiques au bénéfice des patients. Elle s’inscrit donc dans une démarche visant à améliorer la santé de nos concitoyens.

Quelles sont vos perspectives de recherche ?
Mes perspectives de recherche s’inscrivent dans la continuité de mon travail avec trois enjeux majeurs :

  • Identifier de nouveau biomarqueurs innovants pour optimiser le dépistage des cancers associés aux papillomavirus. Il s’agit notamment d’intégrer dans les algorithmes actuels de nouveaux paramètres basés sur des marqueurs viraux comme le génotype (il existe une douzaine de papillomavirus associé plus ou moins fortement aux cancers), la charge virale, l’intégration ou encore les modifications épigénétiques.
  • Mieux décrire les papillomavirus qui circulent dans les populations, chez les femmes et chez les hommes notamment au niveau anogénital. Ces explorations concernent aussi bien des sujets en population générale, qu’ils soient ou non vaccinés contre ces virus, dans des populations vulnérables comme les patients immunodéprimés (VIH, transplantés), dans des populations hautement à risque d’infection sexuellement transmissible.
  • Mieux décrire les mécanismes immunitaires précoces contre les papillomavirus et comment ces virus échappent à ces réponses immunitaires.

Vers quelle thématique du labo Chrono-environnement vous rapprochez-vous ?
Pathogènes

Avez-vous déjà identifié des collaborations ?
Oui, les HPV pouvant se retrouver dans l’environnement, il est possible de les détecter dans les eaux usées. Ainsi un travail en lien avec le groupe de travail Écosystèmes Aquatiques et Usages pourrait être indiqué.

Sélection de publications

Prétet JL, Baraquin A, Barret AS, Bercotd B, Rahib D, Lydié N, Pépin-Puget L, Lepiller Q. Anal and oropharyngeal HPV distribution in HIV-negative multipartner MSM using self-sampling kits for HIV and sexually transmitted infection screening. J Med Virol, 2023, 95:e29068.

Baumann A, Henriques J, Selmani Z, Meurisse A, Lepiller Q, Vernerey D, Valmary-Degano S, Paget-Bailly S, Riethmuller D, Ramanah R, Mougin C, Prétet JL. HPV16 Load is a potential biomarker to predict risk of high-grade cervical lesions in high-risk HPV-infected women: a large longitudinal French hospital-based cohort study. Cancers, 2021, 13: 4149.

Morel A, Baguet A, Demeret C, Perrard J, Jacquin E, Guenat D, Mougin C, Prétet JL. 5azadC treatment upregulates miR-375 level and represses HPV16 E6 expression. Oncotarget, 2017;8:46163-46176

Quelques dates
1988 : Baccalauréat
1999 : Thèse de Sciences et de la Vie, Université Paris V
1999 : Assistant Hospitalo-Universitaire en Biologie Cellulaire, UFR Sciences Médicales et Pharmaceutiques, Besançon
2003 : MCU-PH en Biologie Cellulaire, UFR Sciences Médicales et Pharmaceutiques, Besançon
2005 : Habilitation à Diriger les Recherche, Université de Franche-Comté
2015 : PU-PH en Biologie Cellulaire, UFR Sciences Médicales et Pharmaceutiques, Besançon
2017 : Direction de l’EA3181 Carcinogenèse associée aux HPV, Université Bourgogne Franche-Comté
2017 : Direction du Centre National de Référence Papillomavirus

 

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