Utiliser les fibres de l’ortie (Urtica dioica) produite sur terres marginales pour en faire des matériaux biosourcés, une idée fructueuse réalisée dans le cadre du projet ERA-NET SUSCROP _ NETFIB. Ce projet de recherche constitue un bel exemple d’un partenariat européen réussi et d’une collaboration efficace au sein de l’Université Marie et Louis Pasteur, entre le laboratoire Chrono-environnement et l’institut FEMTO-ST.
Michel Chalot, professeur de physiologie végétale et microbiologie, est l’un des auteurs de l’article scientifique récemment publié dans la revue Industrial Crops and Products.
Les objectifs majeurs du projet NETFIB étaient de mettre en place, d’améliorer et d’évaluer des systèmes de culture agro-forestière visant à réduire l’impact de la dégradation des sols, tout en maximisant les services écosystémiques.
L’ortie (Urtica dioica) pousse naturellement comme plante compagne dans les plantations de peupliers, et est utilisée pour l’alimentation et les fibres au moins depuis l’époque médiévale. Dans le travail concerné par cette publication, les chercheurs se sont concentrés sur les applications originales et la valorisation des composants structurels de la tige d’ortie dans des applications composites. Comme condition préalable, les méthodes nécessaires à la récolte ont été développées, la fonctionnalité des procédures post-récolte et de traitement des tiges a pu être démontrée à la fois en laboratoire et à l’échelle semi-industrielle.
Cette étude visait plus spécifiquement à analyser de manière exhaustive différents clones d’orties au développement divers au moment de la récolte pour déterminer leur potentiel pour le renforcement des composites polylactiques (PLA) pour le moulage par injection. Le moulage par injection est un procédé de fabrication utilisé pour produire de grands volumes de pièces en plastique par injection de polymère fondu dans un moule. Les avantages comprennent une production réduite de déchets, des cycles de production rapides et une capacité à créer des formes complexes avec une grande précision.
Les applications courantes vont des composants pour l’automobile, des dispositifs médicaux à l’emballage, et à l’électronique grand public. Dans le moulage par injection, le polyéthylène et le polypropylène sont couramment utilisés. L’ajout de fibres naturelles offre des avantages tels que, l’amélioration de la rigidité mécanique, la biodégradabilité avec une matrice polymère dégradable, et une dépendance réduite aux matériaux synthétiques.
Ce projet, développé de 2019 à 2021, a permis de démontrer que les fibres d’ortie cultivées sur des terres marginales peuvent remplacer durablement les fibres traditionnelles dans les composites biosourcés et leur viabilité commerciale peut en être améliorée.
J.-R. Baumann, L. Schönfeld, C. Lühr, H.-J. Gusovius, W. Akleh, J. Govilas, V. Placet, M. Chalot, J. Müssig. Stinging nettle (Urtica dioica L.) as reinforcement in short fibre-reinforced biobased composites for application in injection moulding – A possible use case for biomass from marginal land?, Industrial Crops and Products, Vol. 229, 2025.
Découvrez sur HAL d’autres publications associées au projet NETFIB :
Are nettle fibers produced on metal-contaminated lands suitable for composite applications?
Nettle, a long-known fiber plant with new perspectives