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À l’écoute des espèces, rencontre avec Jérémy Froidevaux, bioacousticien

11 décembre 2024 | Actualités, DYNABIO, POLLUTION, Portrait

Multiplier les expériences outre-Manche, outre-Atlantique, et au bout du compte s’implanter en Franche-Comté. Découvrez l’itinéraire de Jérémy Froidevaux, maître de conférences en biologie de la conservation. Surf sur l’onde sonore…

Labo – Quelle est votre discipline de recherche ?
Jérémy Froidevaux (JF) – La biologie de la conservation

Une phrase pour expliquer votre métier
En utilisant des méthodes de bioacoustique, j’étudie les réponses des espèces et des communautés aux pressions anthropiques, ainsi que les leviers d’action à déployer pour conserver la biodiversité.

D’où venez-vous ? Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis originaire du Doubs, plus précisément d’un petit village situé entre la vallée de la Barbèche et la vallée du Dessoubre. Après deux stages de recherche axés sur la conservation des chiroptères en forêts (l’un au ministère des ressources naturelles et de la faune sauvage du Québec et l’autre à l’institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage en Suisse), je suis parti outre-Manche pour réaliser ma thèse. J’ai donc posé mes valises quatre ans à Bristol pour réaliser ma thèse qui portait sur l’évaluation de l’efficacité des mesures agro-environnementales et climatiques pour la conservation des chiroptères et de leurs proies en milieu agricole. J’ai ensuite poursuivi avec un premier postdoc à l’INRAE de Toulouse au sein de l’UMR Dynafor et un très court postdoc (COVID oblige) à Lisbonne à l’Institut supérieur agronomique sur des thématiques de conservation des chauves-souris et d’écologie du paysage. J’ai ensuite rejoint le Centre d’écologie et des sciences de la conservation (CESCO) du MNHN à la station marine de Concarneau en Bretagne. Mon projet de postdoc avait pour objectif de développer un cadre de modélisation exploitant les données de biodiversité issues des sciences participatives afin d’orienter de manière plus éclairée la planification territoriale des énergies renouvelables. Cependant, je n’en avais pas fini avec la Grande-Bretagne ! Grâce à l’obtention d’une bourse de recherche pour jeune chercheur, j’ai déposé mes valises à Stirling en Ecosse un peu plus de deux ans. Mon projet de recherche visait à évaluer les effets des ondes électromagnétiques artificielles sur les chauves-souris et les bourdons et développer des approches en bio/éco-acoustiques pour le suivi de la biodiversité. De retour en France, j’ai décroché un poste de chargé de recherche contractuel au sein d’une ONG scientifique – le Centre de recherche sur les écosystèmes d’altitude CREA Mont-Blanc – pour étudier la dynamique des grands herbivores sauvages en montagne, puis ce poste de maître de conférences à Besançon. Me voici de retour dans le Doubs, la boucle est bouclée.

Qu’est-ce qui vous a donné le goût de la recherche ?

Ma passion pour les chauves-souris, combinée à mon intérêt pour l’utilisation des nouvelles technologies dans l’étude de la biodiversité, a nourri mon goût pour la recherche appliquée. Issu d’un parcours professionnalisant (BTS GPN, Master pro IEGB), j’ai été profondément inspiré par mes tuteurs de stage de master, qui m’ont transmis leur passion pour la recherche et m’ont convaincu de l’importance de la recherche-action.

Quelles sont vos activités de recherche ?

Mes activités de recherche s’inscrivent dans les enjeux actuels de suivi et d’évaluation de la biodiversité dans le contexte de son érosion sous pressions anthropiques. Je m’intéresse fortement à des questions de recherche appliquée dans les domaines de l’agroécologie, de la gestion forestière et d’écologie du paysage ainsi qu’à des questions liées aux effets des énergies renouvelables et des nouvelles pollutions sur la biodiversité. J’aborde ces questions à travers l’étude des espèces, populations et communautés de chauves-souris (taxon reconnu comme indicateur des changements environnementaux), et dans une moindre mesure les arthropodes et les oiseaux. Je me suis très vite tourné vers l’utilisation des technologies émergentes et notamment de la bioacoustique pour collecter des données sur le terrain mais aussi dans le but d’améliorer les suivis de la biodiversité. J’utilise également des données issues de programmes de sciences participatives pour répondre à des questions de recherche nécessitant un plus large suivi spatiotemporel.

Mes travaux de recherche peuvent être rassemblées autour de ces quatre grandes thématiques :

  • Impacts de l’agriculture sur la biodiversité et évaluation des mesures de conservation
  • Intégrer la conservation de la biodiversité dans la gestion forestière
  • Impacts de nouvelles pressions anthropiques sur la biodiversité
  • Evaluation et optimisation des suivis acoustiques de la biodiversité

Quels sont les intérêts de cette recherche ?

Dans le contexte actuel de crise de biodiversité à l’échelle planétaire, il est primordial d’une part, de documenter, quantifier et comprendre les effets des changements environnementaux sur la biodiversité et d’autre part, de proposer et évaluer des solutions pour atténuer les impacts des activités humaines. C’est au sein de ces deux grands axes que mes travaux s’inscrivent par le biais d’études visant à comprendre les principaux facteurs anthropiques associés à la perte et au déclin de la biodiversité et d’études directement conçues pour proposer, évaluer et mettre en œuvre des solutions aux problèmes environnementaux. Par ailleurs, mes recherches en bio/éco-acoustique ont pour but in fine d’améliorer les suivis des espèces afin de mieux comprendre leurs réponses face aux changements globaux.

Quelles sont vos perspectives de recherche ?

J’ai deux projets qui ont commencé en 2024. Le premier porte sur l’évaluation des effets cumulés des infrastructures énergétiques (éoliennes, parcs photovoltaïques) et routières sur l’avifaune, les chiroptères et les paysages sonores, c’est le projet CUMUL. Le deuxième, le projet BumbleBuzz, concerne la création d’une boite à outils acoustique permettant la reconnaissance automatique (via de l’IA) des espèces de bourdons ainsi que de leur comportement.
Et pour 2025, d’autres projets devraient voir le jour, notamment un sur les paysages sonores des prairies de moyenne montagne, le projet FARMSOUND.

Sélection de publications

 

 

 

Quelques dates

2008 : Bac S, Lycée VictorHugo, Besançon
2014-2018 : Thèse, Bristol, RoyaumeUni
2019-2020 : Postdoc INRAE Toulouse / ISA Lisbonne
2020-2021 : Postdoc MNHN, Concarneau
2021-2023 : Research Fellow, Stirling, RoyaumeUni
2023-2024 : Chargé de recherche, CREA MontBlanc, Chamonix
2024 : Maître de conférences à l’université de FrancheComté

Prochains événements

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